Plus d’efficacité et de bien-être du côté des équipes, des managers mieux armés pour analyser les résistances aux changements, accroître la motivation de leurs collaborateurs et en définitive affirmer leur leadership… C’est toute la promesse des neurosciences en entreprise.
Depuis plusieurs années déjà, les neurosciences ont investi notre quotidien : neuro-économie, neuro-pédagogie, neuropsychologie, neuro-philosophie… Difficile aujourd’hui d’ouvrir un magazine sans trouver une référence à cette extraordinaire machine qu’est notre cerveau. Au premier abord, on pourrait croire à un effet de mode orchestré pour « vendre du papier » ou des heures de consulting. Erreur. Le développement exponentiel des neurosciences est la combinaison de deux phénomènes : les spectaculaires progrès de la recherche qui vit son âge d’or grâce, en particulier, à la neurobiologie et la neuro-imagerie ; l’avènement de la révolution numérique qui bouleverse en profondeur nos modes de vie, notre rapport à l’autre, à notre environnement, à notre travail et qui nous conduit à nous réinventer en utilisant notre cerveau autrement (lire aussi la chronique « Cerveau droit-cerveau gauche : et si cette théorie était fausse ?« ).
Les neurosciences nous apportent aujourd’hui des clés d’analyse extraordinaires et totalement inédites sur notre fonctionnement cérébral, notamment grâce à la découverte des concepts de neuroplasticité (mécanismes par lesquels le cerveau est capable de se modifier lors des processus de neurogenèse dès la phase embryonnaire ou lors d’apprentissages), de neurones miroirs (catégorie de neurones du cerveau qui présentent une activité aussi bien lorsqu’un individu (humain ou animal) exécute une action que lorsqu’il observe un autre individu (en particulier de son espèce) exécuter la même action, ou même lorsqu’il imagine une telle action, d’où le terme de miroir), de processus conscients et inconscients, de flexibilité mentale, etc. Les plus prestigieux centres de recherche internationaux publient en continu des résultats à la fois fascinants et prometteurs. La science s’emballe, et nous n’en sommes qu’au tout début. Ce qui est certes enthousiasmant, mais ce qui doit aussi nous inviter à une certaine prudence car ce que l’on découvre aujourd’hui n’est pas gravé dans le marbre et d’autres avancées peuvent être faites à l’avenir en matière fonctionnement cérébral.
Seuls 9% des salariés se disent engagés au travail
Cette connaissance inédite nous donne une nouvelle opportunité, celle de manager de façon plus efficace avec un double objectif : pour l’individu, être plus épanoui et engagé ; pour l’entreprise, être plus performante et compétitive. Imaginez que seulement 9% des salariés en France déclarent se sentir engagés au travail et ils sont à peine plus nombreux dans le monde, selon une étude Gallup de 2013. Plus d’un salarié sur deux avoue être démotivé, trois sur quatre se sentent stressés, plus de deux cadres sur trois ne se sentent pas reconnus à leur juste valeur… Peut-on continuer ainsi en fermant pudiquement les yeux sur un tel gâchis humain et économique ? Sur un plan sociétal comme économique, cette situation n’est plus tenable.
>>> Les salariés heureux sont neuf fois plus loyaux
Le temps est venu de passer à l’action. Lorsque les neurosciences mettent un pied dans l’entreprise, dans cet antre de l’autorité, des règles et des process, c’est pour y apporter de l’intelligence et du mieux-être à toutes celles et ceux qui tentent d’échapper à la frénésie ambiante si stressante. C’est aussi pour apporter à l’organisation plus d’efficacité, de compétitivité, et in fine de résultats (lire aussi la chronique « Pourquoi la musique peut-elle améliorer la performance de votre équipe« ). Des salariés malheureux sont deux fois plus malades, six fois plus absents, deux fois moins créatifs, ce qui représente un surcoût estimé, en France, à près de 60 milliards d’euros. Des salariés heureux sont quant à eux neuf fois plus loyaux, et beaucoup plus productifs (de 12 à 31% selon les études). Cela permet aussi aux managers de mieux décrypter les comportements, d’analyser les résistances aux changements, de maîtriser le stress, de stimuler la motivation des collaborateurs et en définitive de mieux affirmer son leadership.
Porter un regard neuf
Concrètement, cela se fait au travers de programmes de formation ou sous la forme de coaching individuel. La première étape consiste à expliquer le fonctionnement du cerveau, partant du principe que la compréhension des mécanismes cérébraux est une condition préalable indispensable à toute évolution future. Une fois cette connaissance de base acquise, il faut accompagner l’individu dans le processus de changement mental qu’il devra opérer, de manière à envisager ses problématiques professionnelles selon un nouveau prisme. Ceci passe par l’inhibition du cerveau automatique inconscient et la stimulation du cerveau adaptatif via une meilleure activation du cortex préfrontal. C’est ainsi qu’un individu pourra modifier ses représentations mentales (certitudes, freins, peurs, croyances limitantes…), porter un regard neuf sur son environnement professionnel, et apporter des solutions nouvelles et efficaces à des problématiques anciennes, récurrentes et non résolues, notamment en termes de gestion d’équipes et du stress.
Les managers étant souvent en mal de moyens pour apaiser les tensions, les neurosciences sont perçues aujourd’hui par les DRH comme un recours possible et prometteur pour repenser le management… et le réinventer. A l’heure où l’autorité coercitive fondée sur l’obéissance aveugle et résignée ne fonctionne plus, et où l’hyper digitalisation perturbe l’ensemble de nos rites et rythmes de vie, les techniques neurocognitives (TCC) apportent un éclairage pertinent et efficace en complément des pédagogies actuelles. Elles offrent, en effet, à celles et ceux qui le souhaitent la possibilité de découvrir leurs capacités insoupçonnées.
Adapter la réalité du travail au fonctionnement cérébral
Le défi majeur est de réussir à révolutionner notre mode de management pour répondre aux aspirations nouvelles des salariés, managers et dirigeants. C’est précisément la promesse du neuromanagement, qui explore toutes les notions fondamentales relatives au monde du travail : l’engagement, la confiance, l’autonomie, la responsabilisation, la coopération, l’altruisme, le bien-être, l’empathie, etc.
L’avenir managérial passe par une prise de conscience de la nécessité de devoir diriger différemment. C’est toute la logique organisationnelle qu’il nous faut inverser : adapter le monde du travail à la réalité du fonctionnement cérébral, et non l’inverse. Beaucoup de managers reconnaissent vouloir apporter plus de sérénité, de motivation, de bien-être à leurs équipes et à eux-mêmes. Pour y parvenir, la maîtrise du fonctionnement cérébral, à l’origine de nos pensées, émotions et comportements, est essentielle. Comme le souligne le président du Medef, Pierre Gattaz, « Nous sommes à un moment charnière de l’histoire du management. Il est urgent de remettre l’homme au cœur de l’entreprise et de ré-enchanter le travail. En inaugurant une nouvelle ère : celle du capitalisme humain, visant à dessiner les contours de nouvelles relations moins conflictuelles, plus apaisées au service d’une ambition et du bien communs. »